Dans l’attente des barbares
Poème de Constantin Cavafis
(se référer à mon article Ithaque)
-Qu’attendons-nous tous, rassemblés au forum?
C’est qu’aujourd’hui les barbares vont arriver.
-Pourquoi cette inactivité au sénat?
Que font les sénateurs sans légiférer?
C’est que les barbares seront bientôt ici.
Quelles lois les sénateurs pourraient-ils promulguer?
Lorsque les barbares viendront, ils feront eux les lois.
-Pourquoi notre empereur, levé de si bonne heure,
s’assied-il couronné sur le trône,
devant la grande porte de la ville?
Parce que les barbares arrivent bientôt
et l’empereur doit recevoir leur chef.
Il a même préparé un parchemin à lui remettre
oú il le comble de titres honorifiques.
-Pourquoi nos deux consuls et nos préteurs
portent-ils leurs toges rouges brodées;
pourquoi sont-ils parés de tous ces améthystes,
et de ces bagues serties d’émeraudes précieuses;
pourquoi tiennent-ils des cannes d’apparat
finement décorées d’argent et d’or?
Parce que les barbares arrivent aujourd’hui
et, de tout ce luxe, ils seront impressionnés.
-Nos fameux orateurs, pourquoi ne viennent-ils pas
faire leurs discours, débiter leurs histoires?
Parce que les barbares viendront aujourd’hui
et ces discours et toutes ces phrases les fatiguent.
-Pourquoi cette inquiétude subite, cette confusion
(les visages sont devenus soudain si graves).
Pourquoi les rues et les places
sont-elles désertées et tout le monde
rentre t-il chez-lui si préoccupé?
Parce que, la nuit tombée,
les barbares ne sont toujours pas arrivés
et certains venus de la frontière
ont annoncé qu’il n’y a plus de barbares.
Et à présent qu’allons nous devenir sans barbares.
Ces gens auraient été une solution.
Une maman dont la famille, par extraordinaire était dispersée ce soir là, est rentrée chez elle après avoir déposé chez elle sa maman avec laquelle elle était allée au théâtre. Les parents de la jeune femme lui ont demandé de leur téléphoner, afin de les rassurer , dès qu’elle serait parvenue à destination.
Et elle a appelé, de dehors, car en ouvrant la porte de sa maison, elle a aperçu le carnage. Elle est vite sortie, pensant que, peut-être, les barbares étaient encore chez elle.
Alors, les parents ont pris leur voiture et sans mot dire ont rejoint leur fillotte. Le chemin d’une demi heure leur a paru long …
La police venait d’arriver. Et, d’aussi loin qu’ils fussent, les autres membres de la famille, par train, par voiture, sont arrivés les uns après les autres, au cours de la nuit. Et même les parents de la petite chérie d’un des fils sont venus faire bloc.
Le spectacle d’un tel viol est impressionnant, la sauvagerie, la chambre de la petite fille … tout n’était que désolation. Les souvenirs les plus humbles qui marquent les étapes d’une vie de famille avaient disparu. Et l’inventaire va continuer …
Les policiers ont dit :”inutile de faire venir l’identité judiciaire, “ils portaient des gants”. Mais ont-ils ajouté désabusés, nous savons où ils sont et qui ils sont.
Alors, j’ai dit, moi : “nous sommes là, nous sommes debout, ensemble. Et c’est tout”
Comme les barbares ont emporté l’ordinateur de ma fillotte dans lequel elle avait stocké des photos amoureusement scannées en vu de souhaiter l’anniversaire de son mari, travail qu’elle n’aura pas le temps de refaire, je vais leur envoyer leur copie de cet article par mail. Et leur mettre le lien de cette page. Qui sait ? Si on emporte un ordinateur, on doit savoir s’en servir …
Je vous remercie de ne pas mettre de commentaire sur cet article.
A bientôt
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