(Vue satellite du lac Baïkal)

Il faisait encore beau. La neige venait juste de tomber en plaine  et Petite Fée cheminait lentement vers son ami Burgha. Son équipement était prêt dans dans une besace qui paraissait bien lourde … elle avait des amis à honorer là-bas … La-bas autour du lac Baïkal.

Petite Fée pensait tout haut :

- Quand je pense combien j’étais désemparée, à bout de courage l’année dernière … Il n’y a pas grand chose de changé sur cette pauvre Terre. Il en faut de la force pour garder courage et espoir.

Enfin, Burgha, Burgha très dépouillé de son feuillage ce qui amusa notre jeune Fée. Et lui, très heureux de la voir ne se formalisa pas d’autant plus que, malgré ses moqueries, elle lui rendait l’hommage habituel, avec ferveur. Le ruban rouge noué autour du tronc solide, fort,  avec ces écorces bicolores qui lui parlaient tant. Une fois le ruban rouge installé, elle s’appuya contre Burgha, respirant profondément la force, la longévité, saluant la lignée de la déesse Birka  à travers son ami.

- Tu es bien chargée, Petite Fée ..

- Cela pourrait-il te poser problème Burgha ?

Eclat de rire de l’Immense !

- Je vais seulement attacher solidement ta besace.

- Nous y allons, tu es prête, as-tu ta rune sacrée ?

- Evidemment Burgha.

Et le voyage magique commença ; ça et là, la neige avec fait son apparition et tous les blancs se mêlaient à travers les hommages rendus à Burgha par les peuples qu’ils survolaient : crêpes, laitages, gâteaux déposés en hâte au passage de l’arbre Sacré.

(Lac Baïkal début décembre)

Ils arrivaient au dessus de la “perle de Sibérie” le “lac sacré” qui entamait sa dormance. Les bords étaient largement gelés et le reste du lac faisait briller son miroir de glace. 

(Source de l'image)

Bientôt, les camions pourraient rouler sur sa surface, on ne saurait plus où était la terre, où était l’eau. Ce n’était pas encore le cas. Sa transparence était admirable. On aurait dit qu’il se préparait, par son calme  au grand sommeil apparent.

La nuit était venu, le spectacle encore plus magique, le blanc changeait de couleur. Des diamants bleutés jetaient mille feux, jouant avec les étoiles. Petite Fée n’en perdait pas une miette, émerveillée, repue de beauté.

Et le feu, le grand feu de joie, le feu d’accueil apparut lentement… Et l’émotion des âmes en harmonie était – une fois encore – au rendez-vous. 

Babischka, émue aux larmes … Je vieillis, se gronda-t-elle ! Son chat la regardait un peu inquiet.

Et tous les autres.

 

Les retrouvailles continuèrent à l’intérieur de la yourte préparée pour Burgha et Petite Fée, chaude d’un bon feu. Le thé attendait, les biscuits aussi.

Valentin, le prêtre, Lama Dordji, tous ceux qui avaient une responsabilité vis à vis de la petite communauté avaient procédé à tous les rituels d’usage, chacun dans son domaine . Personne ne risquait rien ! Les ours dormaient également.

Il était déjà bien tard lorsque chacun rentra chez lui pour un sommeil réparateur.

Le lendemain, Burgha se dirigea, avec Petite Fée, vers une yourte dans laquelle elle n’avait jamais pénétré. Un datsan. La demeure de Lama Dordji. Non seulement sa demeure, mais également le petit temple bouddhiste du village. Burgha qui savait tout, montra à Petite fée comment faire tourner le grand moulin à prière qui trônait, bien protégé dans un petit abri, devant le datsan.  Des sons graves et profonds résonnaient depuis l’intérieur et Petite Fée se sentait intimidée …

Ils entrèrent et Lama Dordji, les accueillit avec chaleur.

- Bienvenue chez moi, le thé au beurre vous attend.

 

Petite Fée instruite par un sien ami passa une khata au cou de Lama Dordji et s’inclina en joignant les mains.

- Lama Dordji, Petite Fée vous rendra régulièrement visite dans les prochains jours si cela ne vous dérange pas.

Le visage de ce dernier n’était que sourire et profonde sérénité. Son petit temple était aménagé dans les règles de l’art : un autel avec des lampes à beurre, parsemé d’offrandes dans des petits bols sur lequel trônait une statue. Un grand thanka se trouvait derrière l’autel et, sur le côté, un coussin devant une petite table basse sur laquelle était posé un “livre” de sutras. Il y en avait d’autres sur un petit meuble comportant nombre petits tiroirs.

(livre de sutras)

Lama Dordji suivait du regard Petite Fée et lui expliqua :

- Je suis Amshi et mes médicaments sont dans ce meuble.  (lisez ICI le passage relatif à Piotr Badmaev).

Burgha prit congé et Lama Dordji et Petite Fée restèrent tous les deux. Il y avait beaucoup à dire, beaucoup à expliquer et beaucoup à se taire.

Ce premier jour de prise de contact était jour de consultation pour Lama Dordji et Petit Fée fut autorisée à y  assister – en se faisant toute petite –  Le calme, la bienveillance, le bon sens du médecin bouddhiste frappaient sa visiteuse. Elle le vit remettre des plantes, des pilules, les “rilbous” précieuse médecine .

(Voir ICI  mais il y a de nombreux liens sur internet).

L’encens brûlait en permanence dans la yourte-datsan et, une fois ses visiteurs partis, Lama Dordji recita quelques mantras puis engagea la conversation avec Petite Fée.

- Aujourd’hui, c’est jour de consultation “officiel” mais les malades peuvent venir à tout moment, Petite Fée. Seul Valentin a besoin d’une grande préparation pour pratiquer son art.

- Mais, Lama Dordji, il vous est impossible de vous procurer toutes ces plantes sur place. Comment faites-vous ?

- Il y a un monastère important, à une journée de marche et c’est là-bas que je vais chercher ce dont j’ai besoin. Cependant, c’est moi qui prépare ensuite ( ici)  les “précieuses pilules” et autres médicaments. C’est un long travail. Certains rilbous sont, en ce moment même, enfouis sous la terre et ne seront prêts qu’au printemps.

Je me procure également la tsampa afin de confectionner les tormas.

Il avait tout son temps Lama Dordji …

Petite Fée le remercia en s’inclinant et le soir venu, ils se trouvèrent de nouveau tous réunis. C’est au milieu des éclats de rire que Burgha apprit à la communauté que Petite Fée et lui même allaient  demeurer, cette fois, plus longtemps avec eux. Ils fêteraient Noël orthodoxe le 7 janvier ici. Exclamations de joie, prières, chants, ferveur.

Cette fête était d’ailleurs déjà en préparation.

Petite Fée avait appris que les malades consultaient volontiers et Lama Dordji et Valentin, en faisant souvent un détour par la masure de Babischka. “La vie est dure, ici, et nous comprenons tous que nos amis mettent toutes les chances de guérir de leur côté”, avait expliqué Lama Dordji.

Petite Fée partageait son temps entre les activités des habitants, ses visites à  Babischka, la pêche qui n’était pas une mince affaire avec le lac gelé, les grandes promenades, la contemplation du grandiose paysage.

Elle avait sorti de sa besace des gants pour Babischka, un bol en cristal pour Valentin afin qu’il en tire des sons divins, de l’encens en cône pour tous. Et des produits que lui avaient confié d’autres fées de sa connaissance : des baumes, des huiles soignantes et parfumées, des macérâts précieux, des bouquets de sauge et tout le nécessaire pour faire des savons. La joie régnait. Lama Dordji était parti trois jours au monastère et revint avec des nouvelles du monde peu réjouissantes. Il faut prier avec ferveur dit-il, il faut rire pour faire peur aux méchants, sourire pour enchanter les Dieux.

Petite Fée se rendait quotidiennement chez Lama Dordji qui lui apprit quelques mantras :

-  ceux-ci tu peux les réciter, même sans initiation. Celui de Tara,  la mère de tous les bouddhas, celui de Tchenrezi, le bouddha de la compassion. 

Il s’était procuré des pierres pour faire un mala à Petite Fée. Il avait choisi des pierres d’étoiles. Il l’ offrit avec un grand et bon sourire à une Petite Fée bouleversée.

- Dites-moi, Lama Dordji, existe-t-il des femmes Lama ?

- Bien sûr ! Il y en a moins que d’hommes mais elles sont tout aussi fortes que nous.

Même réponse donc que Valentin …

Les sapins offrirent avec plaisir quelques branches de leur ramure afin de préparer les décorations de l’église-datcha du Prêtre et des autres yourtes et cabanes.

Et tout le monde s’activait joyeusement pour des fêtes qui allaient durer presque deux semaines avec le premier an "traditionnel” dont les festivités commencent le 31 décembre, pour fêter dignement l’an nouveau le 1er janvier  puis Noël orthodoxe le 7 janvier et le nouvel an orthodoxe le 13 janvier …

Cette période, il la vivrait tous ensemble avec le supplément d’âme que leurs protecteurs,  que ce soit Babischka, Valentin, Lama Dordji ou le Prêtre avaient su insuffler à leur village. Dure était la vie mais ils avaient trouvé le moyen d’être heureux. Une solution, toujours, existait.

Oui, une solution existe, toujours, aux âmes de bonnes volonté. Certains êtres, toujours, sont porteurs de Lumière et je vous souhaite à tous, à toutes, de donner cette Lumière autant que la recevoir.

A bientôt.